Les conséquences pour l’IA suite à élection de Trump aux Etats-Unis
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« When I'm re-elected, I will cancel Biden's artificial intelligence executive order and ban the use of AI to censor the speech of American citizens on day one ».
Cette déclaration de Donald Trump, prononcée en décembre dernier lors de sa campagne à Cedar Rapids, dans l’Iowa, prend aujourd'hui une nouvelle dimension avec sa victoire à l'élection présidentielle américaine de 2024.
Combinée à une majorité républicaine désormais acquise au Sénat, et potentiellement à la Chambre, cette élection pourrait conduire à une évolution notable du paysage réglementaire de l’IA aux Etats-Unis.
Quels sont les principaux changements que l’on peut anticiper?
1. Abrogation du décret sur l'IA de Biden et approche de régulation minimale
Pour mémoire : face à l'absence d'action du Congrès sur la régulation de l'intelligence artificielle, le président Biden a émis un décret présidentiel (AI Executive Order) en octobre 2023.
Celui-ci aborde de nombreux aspects, notamment le développement de l'IA dans le secteur médical et la protection de la propriété intellectuelle.
Parmi ses mesures les plus débattues, on trouve l'obligation pour les entreprises de communiquer leurs méthodes d'entraînement des modèles d'IA et leurs évaluations de sécurité.
Un autre point controversé concerne le rôle confié au NIST (Institut National des Standards et de la Technologie) pour établir des critères permettant d'identifier et d'éliminer les biais dans les systèmes d'IA.
Bien que non contraignant dans sa majorité, ce décret représentait une première tentative d'encadrement du secteur de l'IA aux États-Unis.
L’abrogation annoncée par Trump laisse présager une régulation minimaliste de l’IA. Toutefois, la question du contenu exact de cette régulation, même minimaliste, reste ouverte.
Durant sa campagne, Trump est en effet resté peu précis sur sa vision, mentionnant simplement trois priorités :
1. Garantir les libertés individuelles
2. Protéger la vie privée des citoyens
3. Préserver les valeurs américaines.
Les détails concrets de cette politique allégée restent donc largement à définir.
Les experts s'attendent à une application des lois existantes plutôt qu'à la création de nouvelles règles contraignantes.
Ce vide réglementaire laissé au fédéral pourrait pousser certains États, notamment démocrates tels que la Californie, à adopter leurs propres règles sur l'IA.
2. Recentrage des priorités du NIST
Le National Institute of Standards and Technology (NIST), qui est une agence américaine spécialisée dans l'élaboration de normes et standards technologiques, pourrait devoir changer ses priorités.
Au lieu de se concentrer principalement sur des questions éthiques, comme les biais algorithmiques dans les systèmes d'IA (qui concernent des discriminations ou des jugements partiaux intégrés dans les algorithmes), le NIST pourrait être amené à s'occuper davantage des risques physiques concrets liés à l'IA.
Ces risques physiques concrets comprennent des menaces sérieuses pour la sécurité, comme la possibilité que l'IA soit exploitée pour créer ou faciliter des armes biologiques ou d'autres formes de dangers matériels.
Cela impliquerait que le NIST consacre plus de ressources et d'attention aux aspects de sécurité nationale et de défense, tout en accordant moins d'importance aux aspects sociétaux et éthiques de l'IA, tels que l'équité et la non-discrimination dans les systèmes algorithmiques.
3. Influence accrue des géants technologiques
Des figures comme Elon Musk, qui a largement soutenu et favorisé la campagne de Trump via X (ex Twitter), devraient avoir une influence importante sur les politiques technologiques des Etats-Unis.
Cela pourrait se traduire par un assouplissement des règles pour les grandes plateformes en matière de modération des contenus.
4. Approche protectionniste
Il est probable que l’administration Trump applique une politique protectionniste, notamment en renforçant les contrôles à l'exportation de technologies d'IA vers la Chine.
Trump a également proposé pendant sa campagne une taxe de 10% sur toutes les importations américaines et de 60% sur les produits chinois.
5. Rapports avec l'UE
Le fossé réglementaire risque de se creuser avec l'Europe, dont l'approche prudente contraste avec la vision dérégulée de Trump.
Cette divergence pourrait entraver la coopération internationale sur la gouvernance de l'IA.
Quelles conséquences pouvons-nous attendre pour les IA européennes ?
Ces IA vont faire face à une concurrence accrue avec les IA américaines et elles auront du mal à pénétrer le marché américain, notamment si une taxe est mise en place par Trump. A l’inverse, l’absence de régulation et de mesures de protection des IA américaines pourraient rendre leur développement dans l’Union européenne plus difficile, du fait de l’IA Act.
Conclusion :
L'approche de Trump de l'IA dessine les contours d'un marché américain plus libéral mais aussi plus protectionniste. Si cette orientation pourrait stimuler l'innovation à court terme, elle soulève des interrogations quant aux risques d'une IA moins encadrée et à la fragmentation du paysage réglementaire international.
Pour les acteurs européens, ce virage représente à la fois un défi concurrentiel majeur et une opportunité de se différencier par une approche plus éthique et régulée de l'IA.
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